Association Sportive Musulmane Oran

Athmane BENDIDA

Athmane BENDIDA ( ex- ASMO et international années 60 et 70 ) 

DANS LA TRADITION DES GRANDS AILIERS

Par Mohamed BENZAOUI

Malgré ses 67 ans qu’il vient de fêter il y a à peine quelque jours ( il est le né le 1° mars 1943 à Oran) Athmane BENDIDA garde toujours la même allure  et apparence du fringant jeune homme que j’ai connu à l’époque où il donnait le tournis aux arrières affectés a son marquage. Pour preuve il continue à s’amuser et à gambader sur les terrains avec les vétérans qui tiennent encore le rythme. Coulant des jours paisibles de retraité il retrouve en outre chaque jour en fin d’après midi  ses potes avec lesquels il  « tape le carton » pour de passionnées parties de « rami ». Il a accepté de bonne foi de sacrifier quelques instants pour refaire avec moi le monde et parler de ce qui fait l’actualité sportive. Bon pied bon œil mémoire encore fraiche il est revenu sur les  moments de sa carrière sportive.

Pour ceux qui ne le connaissent pas et qui n’ont pas eu la chance de le voir évoluer il est difficile de se faire une idée de l’attaquant de génie de classe qu’il était. Il a joué à une période où le football était synonyme de spectacle qui n’en aurait pas été  un si l’offensive ne l’emportait sur les systèmes défensifs à outrance. A son époque les défenseurs étaient très souvent durs virils impitoyables et profitaient du laxisme dont faisaient preuve les arbitres a leur égard. Il fallait posséder de sacrées qualités et tout un bagage technique pour se frayer un chemin vers le but.

Athmane lui était un virtuose qui mettait toute sa classe au service de l’efficacité. Ses qualités immenses et sa vista lui servaient d’armes fatales et au contraire de beaucoup il n’était pas un amuseur de galerie. Il se comportait en véritable professionnel sur le terrain.

Sa force il la tirait de sa vitesse de pointe que facilitait son physique. Son drible tout en finesse  réalisé grâce a un pied gauche magique ses crochets et l’art du petit pont qui l’aidait  à se jouer des défenseurs adverses lui servaient de propulseur vers le but qui l’attirait comme un aimant. Serveur de caviar, ailier de charme il a fait partie des plus grands ailiers que l’Algérie ait connus. En Oranie il n’avait pratiquement aucun rival qui pouvait le détrôner de la sélection et il était inamovible à son poste tout comme à l’ASMOran qu’il a rejoint en 1962. Auparavant Athmane qui a commencé à jouer dans les rues de la Ville Nouvelle avait signé à l’AS Eckmühl et ,promu en équipe fanion a 17 ans il réussira pour son premier match un quadruplé contre le COSenia.

Au lendemain de l’indépendance à 19 ans il s’installera pour près de dix ans sur le flan gauche de l’équipe Asémiste. Il y  retrouvera BEDDIAR son coéquipier à l’AS Eckmühl  REGUIEG Abdelkader (Pons) BEKHLOUFI, ZREGO, BEKHLOUFI Kaddour , OUIS, LARBI, Nourredine BERRAHAL , BOUHADJAR Djillali ,OULD  ALI , MOUDOUB, BENDAHMA , OUAHRANI, avant de finir sa carrière en 1975 comme milieu offensif  cédant sa place à un autre pur talent comme lui :Ahmed TASFAOUT. A  32 ans au terme d’une saison palpitante il tirait sa révérence car ses obligations professionnelles ne lui permettaient plus de concilier  ses responsabilités  de cadre à la CNAS avec le football.  Mais écoutons plutons celui qui fut le premier des buteurs ASMO-MCO et qui par principe a claqué la porte de l’équipe nationale… ! il s’est étalé sans états d’âme et sans complaisance aucune.

 

            A QUOI SERT L’AMICALE DES ANCIENS INTERNTIONAUX ?

 

90 minutes : Athmane, une fois n’est pas coutume, je vais commencer par une question un tantinet insolite. Tu ne trouves pas curieux que tu sois né au mois de mars comme une quantité de talentueux joueurs algériens  (LALMAS HADEFI..)?

Athmane BENDIDA : tu me surprends en m’apprenant cela. Mais comme il faut te répondre je te dirais que ce mois tout en étant celui de la femme est aussi celui des footballeurs aux qualités innées (rires…)

90 minutes  Sais- tu aussi que tu a été le premier des buteurs des derbys post- indépendance ASM-MCO ?

Athmane BENDIDA :  Je n’ai jamais tenu cette comptabilité et je l’avais oublié mais ca me fait plaisir quand même ?

90 minutes  Alors que deviens-tu présentement

Athmane BENDIDA : J’ai pris ma retraite professionnelle il y a bientôt 10 ans et je la savoure en m’occupant de ma famille de mes enfants de mes petits enfants. Je joue régulièrement avec mes amis pour garder la forme et chaque après midi c’est la partie de rami.

90 minutes  Et tes rapports avec le football dans tout ca ?

Athmane BENDIDA : On m’a sollicité plus d’une fois et j’ai été président de l’Association des  Anciens joueurs de l’ASMOran durant un moment. On avait pour but essentiel de nous retrouver et de faire des actions positives en direction des anciens qui sont dans des situations sociales délicates mais on s’est vite retrouvé confronté à des problèmes qui m’ont incité a me retirer. Il y a un an  j’ai été élu au conseil de l’Amicale des Anciens Internationaux présidée par Ali FERGANI mais aujourd’hui je me pose la question de savoir à quoi elle sert et qui elle sert. On ne nous consulte même pas quand il s’agit de prendre des décisions. Pire, quand il y a un événement important comme celui qui a eu lieu le 1° mars à la Coupole on ne nous a même pas fait l’honneur de nous inviter à y assister. Alors je me pose la question de savoir s’il existe des internationaux de première zone et d’autres de second rang. Cette association censée avoir été créée pour lutter contre l’oubli et assister ceux qui vivent des moments pénibles semble avoir dévié de son objectif originel. Jusqu’ à présent je constate qu’on fait beaucoup de bruit pour rien au fond car on en oublie l’essentiel.

Il faut être clair et savoir que ne je parle pas pour moi car je n’ai pas attendu que ce soit le football qui me permette de vivre aisément. J’ai compris cela très vite et j’ai assuré ma situation avant toute chose.

90 minutes  On va revenir sur ta carrière si tu veux bien.

Athmane BENDIDA :  Avec l’ASMOran j’ai vécu de bons moments même si on n ‘a rien récolté hormis le titre de Champion d’Oranie en 1964 qui nous a permis de disputer les «  plays- off » à Annaba. J’ai côtoyé des hommes aux qualités sportives et humaines extraordinaires au sein de mon club ou j’ai fait l’essentiel de ma carrière et au niveau national : HADEFI Hadj , Aissa HAMADENE , ARIZA, DRAOUA,  OUADDAH, LEDUC , KHABATOU, IBRIR, BENTIFOUR  comme entraineurs.

Les dirigeants que nous avions eu à l’ASM étaient d’une autre trempe et je pense  à BOUSSETA, KHALFI , BENYEBKA Habib , Hadj TAYEB, KACEM Hamida , CHOUIDLA, HACHEMAOUI SenoucI, …….

Sur le terrain c’était un réel plaisir d’avoir pour coéquipiers ou adversaires des gars comme REGUIEG Abdelkader (Pons) HASNI, BEKHLOUFI, GASMI Larbi , BERRAHAL Nourredine , BENMOKHTAR, GOMEZ ,FREHA ,HADEFI EMBAREK,KECHRA ,LALMAS,SERIDI, MATTEM, SALHI, SELMI ,MEZIANI BEDDIAR …

Et puis notre époque était bien différente. Les matchs étaient passionnés. Nous avions pour seule motivation la rage de vaincre d’affirmer une suprématie ou de donner de la joie et du bonheur à nos supporters. L’argent passait vraiment au second plan car il n’y en avait pas  autant. Je dirais même qu’il n’y en avait pas du tout. La seule richesse était d’avoir affaire à des dirigeants à des hommes comme ceux que j’ai cités plus haut.

A l’ASMOran il  nous a manqué surement de bons et rigoureux défenseurs pour décrocher un titre.

IL Y A ENCORE DU TRAVAIL A FAIRE EN EQUIPE NATIONALE

90 minutes : Cela nous mène  droit vers l’actualité du moment à savoir l’état des lieux du football national et l’équipe nationale.

Athmane BENDIDA : Ce ne sont pas les derniers résultats de l’EN qui vont occulter le  marasme dans lequel se trouve le football algérien. Les clubs sont gérés de manière catastrophique par des gens qui sont désargentés. Les  clubs de football sont la solution idéale pour eux de se servir et non de servir. Ils profitent des mannes de l’Etat et ne pensent pas du tout à investir dans des écoles dans la formation. Au profit du seul résultat immédiat des sommes colossales qui pourraient être injectées a d’autres fins sont englouties pour le recrutement de pseudo vedettes qui sur le terrain ne prouvent rien du tout. On se gardera bien de faire appel aux anciens pour encadrer les jeunes. Mieux on les marginalise !

Pour résumer, ceux qui peuvent apporter un plus ne sont pas les bienvenus !

D’ailleurs tu sais de très bien de qui et de quoi sont composées les Assemblées générales des clubs. Et de surcroit où sont les infrastructures ? Des soi disant grands clubs n’ont pas de stade. Comment progresser ou travailler de la sorte ?

90 minutes : sur ce que tu a vu mercredi soir  au stade du 5 juillet tu peux donner ton appréciation.

Athmane BENDIDA  Il y a encore du travail à accomplir pour prétendre qu’on a une  équipe nationale compétitive. Il ya des lacunes et un manque d’homogénéité entre les différents compartiments. Je crois que l’entraineur national travaille avec ce qu’il a sous la main et puis on ne voit pas un schéma tactique bien défini. Il n’y a  pas cette griffe ce label de jeu qui fait les équipes. On sent qu’il y a trop d’improvisation et prétendre qu’on a la stature mondiale est vraiment une aberration.

VICTIME DE L’OSTRACISME DE MEKHLOUFI

90 minutes : quels sont les souvenirs marquants dans ta vie de footballeur ?

Athmane BENDIDA : Le plus beau reste sans conteste ce match disputé  a Alger face au grand CRB. On a perdu par 4 buts à 3 après une folle course poursuite mais cette rencontre sera à mes yeux l’une des plus belles du championnat national.

Elles n’étaient pas nombreuses les équipes qui pouvaient refiler trois buts a cette machine de Belcourt et ce d’autant que le match se déroulait à Alger. 

Il y avait du beau monde sur le tuf d’El Anasser. NASSOU  LALMAS ACHOUR, CHENEN , HASNI , GOMEZ NOURREDINE . Quel match ce fut !

A l’opposé le plus mauvais sera celui de mes rapports avec l’Equipe Nationale. Et pour cause. Convoqué pour affronter le MAROC, dans l’esprit de LEDUC qui avait fait son choix je devais figurer dans le onze de départ. A quelques minutes du début M. MEKHLOUFI Rachid arrivé la veille pour renforcer l’équipe avait exigé  et réussi à imposer la présence de ACHOUR sur l’aile gauche. Je suis rentré en seconde période et je suis passé a coté de la plaque car je ne me sentais plus dans mon élément. J’aï demande  donc a ce que l’on ne me convoque plus. J’ai carrément claqué la porte sans regrets et sans remords.

90 minutes : on te laisse le soin de conclure.

Athmane BENDIDA : Je trouve louable que vous pensiez de la sorte aux anciens joueurs toutes générations confondues qui sont voués à l’oubli à l’indifférence des masses et même aussi à l’ingratitude alors qu’ils ont donné beaucoup au football algérien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



25/05/2011
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