Association Sportive Musulmane Oran

Djilali OUAHRANI

Ouahrani Djillali : Un modèle de constance

Par Adjal Lahouari

21/03/2010

 

Natif du quartier Médioni où ses copains de jeu étaient Mahjoub, Sayeh, Diden Berradja, Nourredine Berrahal et Hamadi, Ouahrani aurait pu signer au SCMO au lendemain de l'indépendance. Or, c'est à l'ASMO qu'il y effectuera toute sa carrière. Pourquoi ? Parce que tous les jours, il allait porter le déjeuner de midi à son père, qui tenait un magasin de meubles au boulevard Zabana, côté Ville-Nouvelle. Mais avant cela, il a fait ses premières armes à l'ASE, aux côtés de Bendida, Bentazi et Bouziane. C'est qu'il avait de solides prédispositions pour le poste ingrat de gardien, alors qu'à ses débuts, il évoluait comme joueur de champ. Plus tard, cela l'a aidé dans la «lecture» du jeu. Son coup d'œil et son placement ont complété sa panoplie de gardien sûr et sobre. Les tournois organisés sous l'égide du FLN de 1958 à 1962 l'ont confirmé dans son poste car, au sein de l'US Daouadji, il était le titulaire indiscutable en dépit de sa jeunesse, aux côtés des chevronnés tels Kadou, Moussa Lakhdar, Ould Ali et Zaïter. Avec les Bendida, Belaroui, Nemeur et Moudoub, cette équipe allait constituer le noyau de l'ASMO 1962/63. Larbi Ould Ali, qui était joueur et fin connaisseur, a orienté le jeune Djillali vers l'ASMO. Et c'est ainsi qu'il eut l'honneur d'évoluer aux côtés de ses idoles. Sous la férule de l'inoubliable président Kacem Hamida, épaulé par Aboukebir Baghdad, Benyebka Habibo, Chouidla Abdelkader et Boucetta, l'ASMO s'engagea dans la compétition après avoir reçu les précieux renforts de Beddiar, Ouis et Zrégo. La barre technique était solidement tenue par Hadefi Hadj. C'était parti pour une dizaine d'années où Ouahrani a fait preuve d'une constance exemplaire et ce, en dépit d'une forte concurrence commentée par ailleurs dans cette page. Contraint de raccrocher à 29 ans, un âge où les gardiens sont au sommet de leur art, Ouahrani, à défaut d'être entraîneur, s'est reconverti en recruteur, encadrant la belle et prolifique pépinière asémiste, qui a tant donné aux équipes nationales, toutes catégories confondues. Il aura une pensée pour tous ses entraîneurs, et notamment Hadefi, Draoua, Gnaoui, Ariza, sans oublier Reguieg dit «Pons» et Bekhloufi. Il saluera les efforts et l'apport des Hamhami, Saha Abdelkader, Belkheïra. Quant au défunt Habib Youcef, il tient une grande place dans son coeur, car c'est avec lui qu'a été lancée l'opération prospection des benjamins et minimes. «Notre politique, c'était de faire tourner l'effectif. Si le joueur espoir n'arrivait pas à intégrer l'équipe fanion, on l'orientait vers un autre club où il pouvait continuer à progresser. Moralité: on travaillait pour nous et pour d'autres clubs», soulignera-t-il, non sans raison. Il a une idée bien arrêtée sur ce volet: «Les clubs actuels ont tort de ne pas faire appel à leurs anciens joueurs pour effectuer la prospection, surtout lorsque ces derniers sont des bénévoles et non des techniciens rémunérés. C'est dommage que leur expérience ne soit pas exploitée. D'ailleurs, cela se ressent au niveau des équipes actuelles. Il est rare de trouver un joueur doué, ce qui était courant à une certaine époque». Heureux chef de famille, cinq fois grand-père à 65 ans, le placide Ouahrani ne caresse plus qu'un rêve: celui d'effectuer une omra ou un hadj. Souhaitons que ce voeu se réalise au plus vite, car cet homme s'est constamment distingué par son affabilité. C'est simple, même ses anciens adversaires le tiennent en haute estime. Une longévité dans la cage asémiste Nous les avons comptés soigneusement: ils sont sept gardiens à avoir concurrencé Ouahrani. Chacun avait son style. Certains étaient plus athlétiques et recueillaient les adhésions de ceux qui aimaient les keepers au physique imposant. D'autres paraissaient plus doués. Mais finalement, c'est Ouahrani Djillali qui aura duré le plus longtemps. Et, sans une grave blessure au genou, il aurait joué plusieurs saisons de plus. Au départ, il y avait Zoubir, engagé comme adjoint de Hadefi Hadj mais qui avait encore de beaux restes. On citera Ouzaïd (le frère de l'ancien avant-centre de l'USMO), Bendahma. Il y eut ensuite le «géant» Dey, titulaire indiscutable durant six années au MC Oujda, et sélectionné d'Oranie. Amar, Abbes et Belkhater se mettront en évidence. Du beau monde en vérité. Comment Ouahrani, pourtant de taille moyenne, a-t-il pu se faire une place au soleil ? Première raison: ayant été titularisé en 1962 alors qu'il était junior, il a pris conscience de ses moyens. Seconde explication: tous ses entraîneurs lui ont fait confiance. Troisième explication: il a toujours fait preuve de sérieux et d'assiduité aux entraînements, ce qui justifie sa progression. «Je pouvais mieux faire si ce n'était cette fâcheuse blessure. Elle m'a bloqué alors que je m'améliorais. J'ai stagné et, alors, j'ai préféré m'arrêter pour laisser la place aux jeunes», dira-t-il avec une pointe d'amertume dans la voix. Tant dans les années fastes que dans les saisons où il fallait se battre pour éviter la descente, Ouahrani a été de tous les coups. Déjà, il était au sein de l'équipe championne d'Oranie 1962/63 et qui a participé au tournoi à quatre remporté par l'USM Annaba. L'ASMO s'est classée troisième dans des circonstances dramatiques suite au décès du président Kacem Hamida, que tous les joueurs considéraient comme leur père. Il était toujours avec le onze qui a acquis un très bon classement en 1956/66, terminant au quatrième rang, derrière le CR Belcourt de Lalmas (champion), l'ES Guelma et le SCMO. Cette saison-là, début avril 1966, il a fait preuve d'un courage extraordinaire. Blessé dès la cinquième minute, il a tenu très convenablement sa place, plongeant de façon téméraire à deux reprises dans les pieds des attaquants de l'ES Sétif. Ce jour-là, il n'a encaissé qu'un seul but, imputable à ses défenseurs. Gardien d'une régularité exemplaire, Ouahrani a effectué une très bonne carrière à l'ASMO. Tous ses coéquipiers gardent de bons souvenirs de ce garçon au caractère affable et facile à vivre.



04/06/2011
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