MOHAMED HANACHE
MOHAMED HANACHE (EX DEFENSEUR RCO, SCMO, ASMO ANNEES 60 ET 70)
MOHAMED HANACHE, LE ROC
Par Mohamed BENZAOUI
Etant né, et habitant au quartier de Maraval, il avait à peine neuf ans lorsqu’il intégra le club du SCChoupot et son école de football. En 1962 Mohamed HANACHE s’est dirigé tout naturellement vers le stade de Choupot, fief du club du RCOran que présidait à ce moment Mohamed HADJ HASSAN. Il y signa sa licence alors qu’il était cadet. Il ne tardera pas à se faire remarquer et à intégrer l’équipe fanion. Doté d’une bonne constitution physique et bien campé sur ses deux jambes HANACHE était loin d’être un esthète mais au poste qu’il occupait (c’est-à-dire défenseur latéral) il fallait plutôt posséder beaucoup de qualités athlétiques et faire montre de combativité. Rugueux, accrocheur et animé d’un véritable esprit de gagneur Mohamed s’est imposé comme un des pions essentiels de la formation de Hai Badr. Avec ses comparses SEGHIER, OUADI, TASSA, FOUATIH ou ABED il formait une solide arrière garde qui donnait beaucoup d’assurance aux fabuleux attaquants virtuoses de l’équipe. Il ressent comme une frustration de cette époque car il estime qu’avec le potentiel il y avait de la place pour en faire une grande équipe. La chance n’a surement pas souri.
Il quittera le RCO en 1967 pour rejoindre le SCMO des ALI CHERIF, BOUHIZEB, TAZI, ABABOU, MOUNIR, OUNES pour donner un nouvel élan à sa carrière et surtout pour assurer son avenir social. En 1971 ce sera l’ASMO qui réussira à le convaincre et à 26 ans ce sera pour lui sa dernière étape. La aussi grâce à sa hargne et à sa présence au sein de la défense il réussira à s’imposer comme un titulaire indiscutable.
A 64 ans il continue à s’entrainer de façon régulière et a jouer ses matchs de vétérans (ou plutôt de vieilles gloires). Parallèlement il est tous les jours ou presque au Stade Miloud HADEFI où il initie des femmes, des hommes, et des enfants de tout âge au football.
Il habite toujours dans le quartier qui l’a vu naitre c’est au cours d’une virée au Stade de Choupot que je l’ai rencontré et que j’ai pu évoquer avec lui de bons vieux souvenirs. Il faut dire qu’avec le temps il s’est beaucoup assagi et qu’il n’est plus le garçon impulsif que j’ai connu il y a plus de 40 ans. C’était le temps où il était un cauchemar pour les attaquants adverses en raison de son tempérament souvent explosif .Hanache c’était vraiment un roc !
« MES TROIS CLUBS AVAIENT LEUR PROPRES CONCEPTIONS »
90 minutes : Mohamed je vais te demander de te résumer afin de pouvoir te présenter à nos lecteurs.
Mohamed HANACHE : je suis né à Oran et plus précisément à Maraval en mai 1946 et j’ai fait mes premiers pas sur les terrains vagues comme la majorité des jeunes de mon époque. J’ai intégré en 1955 l’école des poussins du SCChoupot. En 1962 j’ai opté en cadets pour le RCO (qui s’appelait à ce moment RCCité Petit). Après cinq saisons j’ai rejoint le SCMOran puis en 1971 ce fut l’ASMOran où j’ai mis un terme à ma carrière en 1977. J’avais 31 ans et la réforme sportive avait mis en application des conditions u sévères pour l’obtention du statut d’athlète de performance.
90 minutes : tu as évolué de façon équitablement répartie au sein de trois clubs qui avaient des conceptions et des philosophies différentes.
Mohamed HANACHE : le RCO était un club de famille qui avait l’avantage d’être locataire d’un stade à la périphérie de plusieurs quartiers populaires d’Oran. Ce qui en faisait un cadre favorable pour s’adonner à la pratique du football. Beaucoup de jeunes talents désiraient y évoluer. De surcroit on y a créé une des premières écoles d’Oran. L’effectif était riche aussi bien qualitativement que quantitativement. Les dirigeants étaient vraiment très dévoués, même s’ils n’avaient pas beaucoup de moyens. N’empêche qu’ils savaient attirer des groupes de mécènes constitués de mandataires. On aurait pu aller loin Le SCMO c’était autre chose : c’était un club ambitieux avec de bons joueurs et des dirigeants nantis qui ne lésinaient pas sur les moyens. Il recrutait tous azimuts et je pense qu’il a souffert de la concurrence avec le MCO. Quant à l’ASMO il est connu qu’en plus d’être un club formateur qui a lancé de nombreux jeunes visait aussi le haut. Les résultats n’ont pas suivi puisque le palmarès est resté vierge. Mais je dois reconnaitre que dans l’ensemble j’ai passé de bons moments dans ces trois formations.
90 minutes : quelles sont les images que tu gardes de ta carrière ?
Mohamed HANACHE : à notre époque le football on n’en faisait pas un métier. On jouait pour prendre du plaisir et essayer d’améliorer sa condition sociale. On était préoccupé par notre situation et notre avenir. Ce qui fait que l’on ne garde que de bons souvenirs car les victoires et les défaites font partie du jeu. On a eu la chance de côtoyer de grands dirigeants de grands joueurs. On a eu affaire à des hommes avec un grand « H ». Ce que je retiens de ma carrière c’est ce fameux match de coupe en 1967 à Constantine face à l’USMS de Kaddour BEKHLOUFI. On a été injustement éliminés et dans la foulée j’ai écopé d’une lourde suspension avec d autres coéquipiers. Ca a pénalisé le RCO qui disputait le titre à la JSMT et on a craqué sur la fin de la saison. Et puis je garde en mémoire ces buts inscrits face au CRB et à Annaba avec l’ASMO.
« L’EQUIPE NATIONALE DE 1982 RESTE LA REFERENCE »
90 minutes : tu t’es révélé au RCO et tu as vraiment éclaté à l’ASMO. : Mohamed HANACHE : le RCO c’était une équipe constellée de grands joueurs. Très jeune j’ai été titulaire en défense aux cotes de SEGHIER, OUADI, TASSA, NOURREDINE, KACHER, DEHIM, DI NALLO, DAHO, TABET, SAID. Ce sont eux qui m’ont encouragé et pousser à travailler davantage. A cette époque j’ai été retenu en Equipe Nationale juniors et j’ai évolué plusieurs fois en sélection d’Oranie. A l’ASMO quand je suis arrivé j’étais mûr et le club jouait au plus haut niveau. On pouvait s’extérioriser facilement avec des gars de la trempe de BENMOKHTAR, BEKHIRA, REGUIEG, GUEMRI, TASFAOUT, HAMOU, BELKHATER, BENDIDA, GASMI, ZINE, SMAHI. C’était un réel plaisir de jouer avec eux. On baignait dans une bonne ambiance. Dommage que l’on n’ait pas gagné un titre.
90 minutes : peux-tu établir un parallèle entre le niveau d’ensemble du football national actuel et les différentes périodes.
Mohamed HANACHE : de mon temps il y avait d’excellents joueurs mais les moyens étaient dérisoires et l’argent n’avait pas encore investi le sport. Cela ne nous empêchait pas d’avoir des matchs spectaculaires. Avec la réforme on a connu la rigueur dans la gestion et beaucoup d’efforts ont été consentis en direction de la formation de base. Les hommes en charge du football national étaient compétents et les résultats ont été à la hauteur des investissements. Voila pourquoi l’équipe nationale des années 80 reste la référence à mes yeux. Actuellement malgré les sommes colossales injectées on a droit à des simulacres de rencontres ; et ce n’est pas par hasard si pour constituer une équipe nationale on fait appel à des joueurs qui n’ont pas été formés chez nous. Cette politique a ses limites car à quoi sert un championnat si ce n’est pour alimenter les différentes sélections.
90 minutes : comment expliques tu cette recrudescence de la e violence dans les stades ? Malgré les mesures dissuasives on constate que c’est un phénomène qui fait tache d’huile.
Mohamed HANACHE : les mentalités ne sont plus les mêmes qu’autrefois et c’est un problème d’éducation. Le mot « respect » ne veut plus rien dire et semble être absent du dictionnaire. Je pense que la majorité de ceux qui s’donnent à ces actes répréhensibles sont manipulés par ceux qui tirent les ficelles. C’est une question d’enjeu de gros intérêts. Et puis il y a la mal vie et les gradins sont devenus un exutoire.
90 minutes : quels sont les hommes qui ont marqué ta carrière ?
Mohamed HANACHE : à mes débuts au RCO je me rappellerai toujours de CHERAKA Benyebka notre entraineur et MALTI Kébir. Je garde le meilleur souvenir de HADJ HASSAN, Si Abdelkader, et de bon nombre comme DJELLAT, YAHIA. Je citerais aussi HADJ DAHO, HADJ BOUALEM ADEF, DRIEF, HADJ TAYEB, KHALFI, mais ils sont nombreux car la majorité connaissaient leur boulot et étaient vraiment dévoués à la cause. Maintenant s’agissant des joueurs je crois que je ne peux dissocier aucun de ceux avec qui j’ai évolué. Chacun avait ses qualités propres et les clubs étaient avant toute chose une seconde famille où l’on cultivait l’amitié sportive et la camaraderie. Je vais quand même rappeler les noms de ceux qui m’impressionnaient comme joueurs au niveau national : DALLA Noureddine , FREHA HADEFI, BOUHIZEB, HACHOUF, LALMAS,ALI CHERIF MELAKSOU ,ZENDER ,TAHAR ou SIKKI .
90 minutes : tu vas conclure de toi-même, Mohamed si tu veux bien.
Mohamed HANACHE : à la veille de la nouvelle année, je formule un souhait : que la paix règne chez nous et partout dans le monde.