Association Sportive Musulmane Oran

Hasni HABI

HASNI HABI (EX MILIEU ASMO ET USMO ANNEES 60 ET 70)

HASNI OU LA SYMPHONIE INACHEVE.

 

Par Mohamed BENZAOUI

 

Beaucoup de ses anciens coéquipiers ou adversaires estiment qu’il a été l’un des joueurs les plus talentueux de son époque .Lorsque l’on se plait à le lui répéter inlassablement  et lui rappeler  qu’il est passé tout près d’une fabuleuse carrière ,il baisse les yeux ou détourne son regard, se sentant envahi par une insondable pudeur et extrêmement troublé. Il se contentera de vous répondre du bout des lèvres que ce n’est pas le plus important dans la vie et que le football tel qu’il était pratiqué à son époque n’était qu’un loisir et un simple dérivatif.

Comment dresser le portrait sans retouche d’un footballeur qui a subjugué Lucien LEDUC le sélectionneur national il y a plus de quarante ans. ? Tâche ardue me diriez -vous !

Hasni HABI était un virtuose du ballon, qu’il prenait un malin plaisir tantôt à dorloter quand il s’agissait de donner le tempo à ses coéquipiers, tantôt à tourmenter lorsqu’il fallait envoyer ses missiles en direction des gardiens adverses. Technicien hors pair, génial, doté d’une habilité diabolique des deux pieds et d’une frappe meurtrière qu’il déclenchait souvent de loin il savait tout aussi parfaitement s’envoler dans les airs pour reprendre les balles de la tête. Elancé et svelte, allure olympienne et élégance princière sur le terrain, sa spécialité était l’enchainement amorti de la poitrine, coup du sombrero, et frappe instantanée en volée. Rarement il ratait le cadre. Pour l’avoir vu refaire ce geste plus d’une fois du haut des tribunes du Stade BOUAKEUL, je peux affirmer que c’était du grand art. Ses évolutions étaient un régal pour les puristes et les amoureux du football spectacle qui étreignait en parfaite harmonie l’efficacité. Hasni possédait la panoplie parfaite du footballeur presque complet : ses dribles chaloupés, ses passements de jambes ses feintes de corps et sa conduite de balle avec la semelle ou de l’extérieur laissaient pantois ses adversaires et soulevaient l’enthousiasme du « Kop » asémiste. Le flanc gauche de l’ASMO avec BENDIDA et lui pouvait –il posséder mieux ? Assurément non. Un duo qui n’aurait pas désassorti l’Equipe Nationale si on avait osé faire confiance et donner leur chance à ces deux artistes.

Lucien LEDUC, qui était à la recherche de son « onze » idéal pour constituer l’Equipe Nationale dont l’objectif était la qualification au mondial mexicain, avait passé en revue près de cinquante joueurs. En ce 1° novembre, journée maussade de l’automne 1968, il aligna au milieu un trio qui allait illuminer le Stade du 19 juin sur lequel s’amoncelaient de gros nuages. KECHRA, LALMAS et HASNI allaient mettre à mal la coriace sélection soviétique et faire étalage d’une aisance et d’une maestria somptueuse. A notre grand dépit on ne reverra plus jamais réunis ces artistes qui n’auront joué ensemble que le temps des quatre vingt dix minutes durant lesquelles ils auront emballé le chaleureux et connaisseur public oranais. 

Hasni continuera à faire plus ou moins le bonheur de ses différents clubs l’ASMO, le CSSO et l’USMO avec laquelle il finira sa carrière qui aurait eu à coup sur une autre dimension s’il avait évolué à une autre époque ou sous d’autres cieux.

Pour garder la forme à 66 ans il continue a jouer avec ses amis TASFAOUT Hamida, KARIM Hamida, BENDIDA ,ZINE ,MEGHERBI, BOUTKHIL, MEBARKI, BOUROKBA ou MEKKI , trois fois par semaine sur le terrain aménagé de la Cité Universitaire de l’USTO près de laquelle il réside. Tous ceux qui l’ont connu de près ou de loin seront unanimes à dire que c’est un garçon qui n’a laissé que de très bons souvenirs dans le milieu du football, qui n’est pourtant pas fait que d’enfants de chœur. Toujours disponible, très pondéré et mesuré dans ses propos il s’estime satisfait de son parcours et ne regrette absolument rien. Il considère qu’il a eu une bonne destinée et n’aime pas être sous les feux de la rampe. C’est vraiment un « Monsieur » qui mérite bien des égards en raison de sa grande humilité et d’une profonde prévenance.  Pour nous, esthètes et puristes on estime qu’il nous a laissé un gout d’inachevé, car n’étant jamais rassasié du spectacle qu’il nous offrait : un régal.

 

 « J’AI FAIT LE CHOIX DE LA RAISON »

90 minutes : Hasni, cela fait toujours grand bien de te revoir. Avant d’entrer dans le vif du sujet je vais te demander de revenir sur tes débuts dans le monde du football.

Hasni HABI : je suis né à Oran le 13 avril 1944 et comme beaucoup de jeunes algériens de mon âge j’ai débuté dans la rue, dans les terrains vagues avant de signer ma première licence au Gallia Club d’Oran en 1958 en minimes. Mes coéquipiers à l’époque étaient KACHER, BESSAH et Hamida NAIR, alors que les plus âgés qui jouaient dans les catégories supérieures étaient Hassan BOUNOUARA, Larbi MAHNANE et BOUKHACHBA. Le club avait pour entraineur ARIZA que j’ai retrouvé plus tard à l’ASMO. En 1962 j’avais 18 ans et un jour où le CAP jouait au stade de l’ASE, SAHRAOUI qui en était l’entraineur m’avait demandé de tirer un penalty alors que j’étais en tenue civile. Je me suis exécuté…., et j’ai été de suite recruté !

90 minutes : tu as passé deux saisons donc au CAP, qui était une formation qui recelait de bons joueurs quand même, avant de rejoindre l’ASMOran, si je ne m’abuse ?

Hasni HABI : oui c’est bien cela. J’ai eu comme partenaires Ali EMBAREK, les frères SAHRAOUI, BOUZIDI, Benyebka SABI, Habib YOUCEF et Lahouari ROUANE SERRIK. En 1965 j’ai débuté à l’ASMO où j’ai passé quatre années. C’était une belle formation qui était très homogène et complète dans ses lignes. Les valeurs ne manquaient pas avec BENDIDA, REGUIEG, KECHRA, MOUSSA, GOMEZ, BERRRAHAL, MEDJAHED, Larbi GASMI. Il ne nous a pas manqué grand chose pour décrocher un titre. Pour ma première saison on s’est classé en 4° positon derrière le CRB, Guelma et Medioni, et devant le MCO. Il faut dire que l’on a eu affaire a de sacrées équipes.

90 minutes : tu sembles avoir eu un passage à vide dans ta carrière et tu as donné l’impression d’être vite saturé alors que tu n’avais que 24 ans et que tu semblais promis à un bel avenir en Equipe Nationale

Hasni HABI : en fait en 1969 il y a eu la première refonte du football et l’avènement des clubs corporatifs. Nous étions des amateurs et la pertinence de réussir notre vie professionnelle nous était offerte. On était obligé de faire le choix entre une caution pour l’avenir et le challenge sportif. Comme l’ASMO venait d’être reléguée j’ai donc opté pour le club de la Sonatrach en 1969. En cours de saison j’ai été appelé par le CSSKouba qui était parrainé par la même entreprise. J’ai eu des problèmes d’adaptation et je suis rentré à ORAN pour signer à l’USMO en 1972. C’est dans ce club que j’ai fini ma carrière en 1977.

« JE NE REGRETTE ABSOLUMENT RIEN »

90 minutes : contrairement à beaucoup tu sembles ne nourrir aucun regret et parais pleinement satisfait. Pourtant Hasni je fais partie de ceux (et ils sont foule) qui auraient aimé te voir durer le plus longtemps possible sur le terrain pour le plaisir des yeux. Tu ne penses pas que ça a été un grand gâchis et une perte pour le football national ?

Hasni HABI : vous le voyez ainsi, et ça ma va droit au cœur. Mais personnellement je ne regrette rien du tout. Pourquoi, me diras-tu ? D’abord car c’est le destin qui guide nos pas. A notre époque le football ne rapportait pas beaucoup sinon la notoriété et la gloire qui ne sont qu’éphémères. Ensuite le plus important est de réussir sa vie familiale et d’avoir des enfants qui ne vous posent aucuns soucis et vous donnent les plus grandes satisfactions. Il y a des moments où il faut savoir tourner la page, et c’est que j’ai fait. De ce côté je suis heureux et je remercie Dieu. Je suis retraité et je vis paisiblement à l’abri du besoin. Je vis ma foi comme il se doit et j’ai accompli une « Omra » il y a quelques années.

90 minutes : suis-tu l’évolution du football algérien ou étrange ?

Hasni HABI : à la télévision, oui. Je regarde les matchs étrangers ou ceux de l’Equipe Nationale, mais je ne vais pas au stade. Je ne vais pas porter un jugement sur les raisons de la régression de notre football. Je ne suis pas habilité à le faire. Je dirais juste que de nos jours le physique l’emporte sur le technique. On remarque beaucoup d’engagement mais peu de spectacle.

90 minutes : tu n’as jamais été tenté par une carrière d’entraineur ?

Hasni HABI : non car c’est un métier ingrat. Un entraineur est le bouc émissaire idéal et une proie trop facile pour ceux qui désirent justifier de mauvais résultats, dont il faut chercher ailleurs les véritables raisons.

90 minutes : quels sont les hommes qui auront marqué ta carrière ?

Hasni HABI : ARIZA, DRAOUA, GNAOUI, BAKHLOUFI, HAMADENE comme entraineurs. Parmi les dirigeants je garde un merveilleux souvenir de MIMOUN (CAP) KHALDOUN, KAHLOUL, Mustapha HEBIRI à l’ASMO de MAGHROUS, BOUZIDI, BADSI, BENTATA Safani , BENALI, KHAYOU à l’USMO.

90 minutes : et les joueurs ?

Hasni HABI : toujours difficile de répondre à cette question car en notre temps il y avait de grandes équipes avec de grands joueurs. Chacun de nous avait ses qualités propres. Je pourrais citer LALMAS, AMIROUCHE, AOUADJ, KALEM, FREHA, BETROUNI, HACHOUF, MEZIANI, BERROUDJI, BENTURKI, BENDIDA, KOUFI, SALHI, TADJET, ATTOUI, HADEFI, KECHRA, CHAIB Haddou. REGUIEG, KECHRA, EMBAREK, TAHAR, MELAKSOU. Plus près de nous j’estime que BELLOUMI a été le plus talentueux de sa génération. Je garde cependant un excellent souvenir de tous les frères BENDJAHENE avec lesquels j’ai passés d’inoubliables moments à l’USMO. Ce sont des garçons qui aimaient et aiment le club de cœur de leur père Si Kouider. Ce sont des exemples de sportifs à mes yeux.

90 minutes : tu as des loisirs ?

Hasni HABI : les matchs de vétérans et la pêche à la ligne.

90 minutes : si c’était à refaire Hasni ?

Hasni HABI : je referais exactement la même chose…! Enfin presque….

 

 



25/05/2011
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